Qu'est-ce que l'inflammation de bas grade dans un contexte de surpoids et d'obésité

Qu'est-ce que l'inflammation de bas grade dans un contexte de surpoids et d'obésité

myNUMEA, 01/10/2022

  1. Introduction

En France, l’obésité progresse très rapidement : près de 1 personne sur 2 est en situation de surpoids. En 2021, plus de 8,5 millions d’adultes (17%) ont un indice de masse corporelle supérieur à 30 kg/m², seuil au-delà duquel est définie l’obésité. Trop souvent associée à une suralimentation, une “mal bouffe” ou un manque d’activité physique, cette maladie reconnue par l’OMS depuis 1997, à des causes complexes et résulte de l’intrication de plusieurs facteurs déclenchants : stress, troubles du sommeil, dérèglements hormonaux, spécificités génétiques, souffrances psychologiques… Aussi sa prise en charge requiert une approche globale et personnalisée, tant d'un point de vue nutritionnel, endocrinien, physique que psychologique.

Une meilleure prise en charge thérapeutique passe par la compréhension des causes et des mécanismes physiopathologiques conduisant à l’obésité. C’est aujourd’hui un des plus grands enjeux de la recherche en France. De récentes études démontrent qu’une des anomalies majeures du tissu adipeux associée à l’obésité est l’inflammation. Cette inflammation chronique basse (ou inflammation de bas grade) est la cause de dérèglements du métabolisme du tissu adipeux et constitue un facteur de résistance à la perte de poids [1].

Cet article retrace les mécanismes de l'inflammation de bas grade sur l’obésité tels que décrits dans la littérature scientifique à ce jour.

2. Qu’est-ce que l’inflammation de bas de grade ?

L'inflammation est la réponse du système immunitaire aux agressions traumatiques, aux agents pathogènes (bactéries, virus…), aux cellules endommagées, aux composés toxiques ou à l'irradiation [2]. En outre, l’inflammation agit en éliminant ces agents nocifs et en initiant le processus de guérison. L'inflammation est un mécanisme de défense essentiel à la santé. Habituellement, au cours des réponses inflammatoires aiguës caractérisées par 4 éléments cardinaux : rougeur, chaleur, douleur et tuméfaction. Le système immunitaire contrôle et adapte sa réponse grâce à des interactions cellulaires et des messagers moléculaires (tels que Interleukines, les TNF…). Ce processus de modulation contribue à la guérison, à la restauration de l'homéostasie tissulaire et à la résolution de l'inflammation aiguë [3].

Cependant, il arrive que le système immunitaire n’arrive pas à contrôler cette inflammation aiguë ou que l’agression ne soit pas complètement résolue ou reste persistante. Auquel cas, l’inflammation peut devenir chronique et inadaptée (figure 1). Si elle est sous le seuil de perception de la douleur, elle est dite de bas grade car silencieuse, pouvant se généraliser dans tout le corps et perdurer dans le temps sans être perçue cliniquement. D’ailleurs de nombreux médecins peuvent ne pas la diagnostiquer car elle peine à être détectée au niveau des examens sanguins habituels. L'inflammation chronique favorise la dégénérescence des cellules et des tissus, cet état délétère pour l’organisme contribue à diverses maladies chroniques [4]. Et on estime que plus de 50 % de tous les décès dans le monde aujourd'hui peuvent être attribués à une maladie liée à l'inflammation telles que le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, les maladies auto-immunes, les maladies inflammatoires chroniques de l’Intestin (MICI), les dépressions, les maladies respiratoires, les maladies neurodégénératives [5] et 15% des cancers [6].

Une analogie serait celle de braises d’un feu en apparence éteint mais qui continuent de se consumer sans fumée et se propager silencieusement.

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Références bibliographiques

[1] Dossier Inserm / obésité www.inserm.fr/dossier/obesite/

[2] Inflammation 2010: new adventures of an old flame, Ruslan Medzhitov, 2010 Mar 19, https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20303867/

[3] Dossier Inserm - Inflammation et Maladies, clés de compréhension 2012

https://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/10046/SKS_2011_Inflammation_DossierComplet.pdf?sequence=12&isAllowed=y

[4] Obesity and inflammation: the linking mechanism and the complications; Mohammed S. Ellulu, Ismail Patimah, Huzwah Khaza’ai, Asmah Rahmat, and Yehia Abed, 2017 Jun https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5507106/

[5]Chronic Inflammation. Roma Pahwa; Amandeep Goyal; Ishwarlal Jialal. June 19, 2022. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK493173/

[6] Inflammation and cancer. Nature 2002; Coussens LM, Werb Z . 420:860–867. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12490959/